Le collège du Nonnenbruch
s’est lancé dans une expérience originale, en partenariat avec le
Frac Alsace. Pour favoriser la rencontre des élèves avec l’art,
trois œuvres originales ont été empruntées. Le Frac Alsace, (Fonds
régional d’art contemporain) implanté à Sélestat, a développé un
nouveau système de diffusion : « Expos mobiles ». Des œuvres acquises
par la structure, utilisant des médias divers (photos, peinture,
vidéo, installation, sculpture, céramique) sont rassemblées selon
des thématiques au choix et prêtées aux établissements scolaires
qui en font la demande, accompagnées d’une mallette pédagogique.
Appréhender le vocabulaire
des arts plastiques Fanny Fougerousse, chargée de mission au Frac
et professeur d’arts plastiques à Guebwiller, est venue présenter
la formule, qui a immédiatement séduit Brigitte Laurent, professeur
d’arts plastiques au collège de Lutterbach.

« Nous accueillons des
élèves déficients auditifs, explique cette dernière. Or le vocabulaire
des arts plastiques est difficile à faire passer aux malentendants.
Le thème choisi présente une œuvre de Louis Danicher, Fragments
d’un discours amoureux utilisant une technique mixte sur papier
sur le thème de la bouche et de ses expressions. Or les malentendants
lisent sur les lèvres ». Bien entendu, l’exposition intitulée «
Costume trois pièces » s’adresse à tous et est un excellent moyen
« d’appréhender le vocabulaire par une expression plus ludique »
qu’un cours.
Permettre le dialogue
sur l’art Autre avantage qu’y voit la pédagogue : les nouveaux programmes
scolaires donnent une part accrue à l’histoire de l’art, qui est
transdisciplinaire. Or déplacer 20 classes dans un musée est malaisé
et coûte cher. C’est donc « l’art qui vient au collège ».
Pour Fanny Fougerousse,
les œuvres mises à disposition permettent aussi d’aborder la narration,
en français par exemple. Les élèves adhèrent-ils ? « Cela dépend,
répond Brigitte Laurent. Certains oui, d’autres pas du tout. Quoi
qu’il en soit, le contact direct avec les œuvres permet un dialogue,
un débat sur ce que peut être l’art et développe aussi l’esprit
critique des élèves, que d’autres professeurs peuvent exploiter
».

L’exposition est composée,
outre des dessins de Danicher, d’une terre cuite de Michel Delmotte,
« On oublie toujours quelque chose ». Dans la veine de Magritte,
elle représente un personnage très réaliste dans un complet, en
mouvement, la main dans la poche, sauf que… la tête est remplacée
par un cintre. De Weibke Siem, une sculpture murale en jersey sur
structure métallique ; trois robes vides, « aux lignes épurées,
neutres au niveau des couleurs » qui a rappelé à des élèves de 4
e les costumes des chevaliers du Moyen Âge vus l’année dernière
au collège.
La principale, Fabienne
Rusterholtz, a tenu à ce que les outils pédagogiques soient également
présentés aux professeurs des écoles du secteur, et ouvre l’exposition
aux parents intéressés qui peuvent prendre rendez-vous.
Antoinette Ober (Journal
L'Alsace, 2 févirer 2010)
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